Alors que les premiers articles paraissent sur le phénomène « tiers-lieu / coworking » et les difficultés rencontrées par de nombreux espaces non rentables ou artificiellement soutenus par les collectivités, il convient de bien clarifier ces nouvelles offres d’immobilier de travail à usager flexible ainsi que les réponses apportées aux différents publics.

Le terme « tiers-lieu » qui désignait le troisième lieu à savoir « ni le bureau ni la maison » semble de moins en moins explicite… En effet, le travail rendu mobile grâce au développement des outils numériques permet à un actif sur deux de travailler de n’importe où.

Ainsi, la voiture, les transports en commun, des lieux de vie comme des restaurants ou des appartements non utilisés peuvent apporter un espace propice à un travailleur nomade. Cette approche très urbaine constitue déjà une nouvelle forme de concurrence des espaces de coworking, qui pour s’imposer, devront obligatoirement proposer des services et assurément une dynamique facilitant les échanges entre entrepreneurs. « C’est là où l’apport de service plombe souvent le modèle économique d’une offre immobilière par nature complexe à rentabiliser du fait de la localisation en centre-ville au m² et aux taxes élevées. » selon Dominique Valentin, fondateur du réseau de tiers-lieux Relais d’Entreprises. « Ceux qui s’en sortent sont généralement des entités qui maîtrisent l’écosystème de entrepreneuriat et qui, à ce titre, savent se faire financer l’accompagnement et l’expertise à la création et au développement d’entreprise. Cependant ce sont plutôt les incubateurs portés par les grands groupes et les dynamiques de Cluster qui apparaissent bien plus légitimes. Le modèle économique de ces incubateurs soutenus par des Grandes Entreprises et des collectivités, ambitionnent pour les uns d’externaliser une R&D en s’appuyant sur des équipes plus agiles et surtout moins coûteuses et pour les autres, d’identifier les « pépites » pour ne pas dire les « licornes » qui, à l’image de SIGFOX sur Toulouse, se retrouveront au cœur d’une stratégie d’attractivité territoriale. »

QUEL MODELE POUR LES « TIERS LIEUX, COWORKING » DES TERRITOIRES RURAUX ?

Dans un précédent article, Relais d’Entreprises apparaissait comme plus « Cow » que « Co ». Le besoin constaté sur les territoires ruraux ou péri urbains, généralement sous l’influence d’une agglomération, est de deux natures. La première, repose avant tout sur les contraintes de mobilité pendulaire des actifs qui voient dans ces espaces de travail une possibilité de travailler à distance ailleurs qu’à domicile, qui bien que pratique, constitue un frein à la mise en place du télétravail. Mais surtout et pour répondre au développement du « self emploi » dont on estime qu’ils représenteront un actif sur 2 en 2025, ces espaces de travail offrent aux entrepreneurs la possibilité de rompre l’isolement tout en bénéficiant de services mutualisés tels que : connexion internet, solution de reprographie. Ces actifs, qui ne sont pas forcément des porteurs de projets innovants, ne sont pas en demande d’un accompagnement à la création d’entreprise ni même d’une dynamique d’animation de l’espace. Et c’est bien en cela que l’approche de Relais d’Entreprises se distingue et séduit de plus en plus de collectivités locales.

De façon très pragmatique et pour l’avoir expérimenté sur plusieurs territoires (De la Haute Garonne aux Ardennes en passant par le Pays Vichy Auvergne et la Corse), il est nécessaire de bien dissocier l’offre de bureaux individuels facilement configurable dans des bâtiments publics inoccupés, de la dynamique du lieu qui, généralement, s’opère d’elle-même autour de la machine à café. Quant à la dynamique du territoire, celle qui consiste à faire se rencontrer les entrepreneurs et envisager de mener à bien des projets communs ayant pour vocation à soutenir le développement économique local, un club d’entrepreneurs à l’image du GEST (Groupement des Entrepreneurs du Sud Toulousain) créé par Dominique VALENTIN (la même année que le premier Relais d’Entreprises) apparait comme légitime et adapté.

Ces petits espaces, idéalement situés au cœur des centres bourgs afin de soutenir les commerces de proximité, devront cependant gagner en visibilité et compte tenu des faibles revenus dégagés par les loyers (néanmoins suffisant pour couvrir le montant des travaux de rénovation et les charges d’exploitation). Ainsi, Relais d’Entreprises et suivant le modèle des chaînes hôtelières volontaires, propose une affiliation et des services associés.

Pour comprendre comment s’organisera et se segmentera le marché des espaces de travail, il suffit en effet de faire ce parallèle avec le secteur de l’hôtellerie. Autour d’une offre claire et binaire (une chambre / un bureau), nous avons pu mesurer à quel point la localisation (rural/urbain), le niveau de services proposé (de l’auberge de jeunesse/ au palace), le statut et le niveau d’indépendance ou d’intégration et sans parler de toutes les formes « non marchandes » allaient également dessiner le paysage de ces nouveaux espaces de travail. C’est justement en anticipant ce parallèle que la marque Relais d’Entreprises s’est inspirée des Relais de Poste (devenu par la suite les hôtels de la poste, puis les hôtels de la gare…). Ces derniers étaient pratiquement 3000 répartis le long de toutes les routes conduisant à la Capitale. Souhaitons à Relais d’Entreprises un maillage tout aussi important.